Fénix 16, 198-211

200 FENIX León) est une illustration rétrospective de la procédure codifiée dans les cons– titutions de ce Synode. C'est bien un curé -eelui de San Francisco de Chichas-o qui a pris I'initiative de I'enquéte et qui fait comparaitre accusés et témoins. Mais on remarquera que le document comporte seulement les déclarations de ces accusés et de ces témoins. Il est clair que nous nous trouvons en présence d'un fragment du preces et non du dossier complet. Pourtant, selon toute vrai– semblance, ce fragment représente la totalité des piéces de l'instruction initiale, locale. Il manque évidemment celles qui auraient dü étre ajoutées, aprés trans– mission au vicaire général d'Aréquipa, c'est a dire au moins celles de la défense et le texte de la sentence. Si I'on peut regretter ces lacunes d'un point de vue juridique, il n'en reste pas moins que ces aveux des prévenus constituent la partie de loin la plus intéressante du point de vue de I'histoire de I'extirpation. La richesse de ces textes ne le cede en rien a celle de la plupart des preces d'ido– látrie de Lima. Les dépositions des accusés et des témoins de la paroisse de San Fran– cisco de Chichas (H) permettent de reconstituer ce que fut l'atmosphére religieuse du village --et de celui, annexe, de Salamanca- en 1671. Les pratiquants de la vieille religion sont depuis longtemps pourchassés; ils ont subi de nombreuses visites, des perquisitions répétées: Pedro Ninalori avait caché I'idole Sorimana "en d'autres occasions", dans un passé récent. On avait découvert, lors d'une fouille plus de 20 idoles. Apres le Licencié Juan de Padilla, l'actuel cu– ré, Bernardino de Prado, veille et surveille. Il faut penser encore aux Es– pagnols du village, EL bon nombre d'Indiens aussi toujours disposés a la délation. Or les suspects sont arrétés, éventuellcment foucttés, comme Diego Vasuaio, pour qu'ils parlent. Ceux que I'on reconnait coupables sont envoyés a Arequipa et, dans le vigalle, on ignore ce qu'ils deviennen; on peut imaginer le pire. Ce climat de prohibition et de délation pese sur le village depuis environ 130 ans. Certes il a eu sans aucun doute des moments de reláchement, peut– étre fort longs, mais d'autres au contraire OU I'activité des extirpateurs s'est exercée fébrilement; cela a varié selon la personne des curé s et des fonctionnaires, selon les instructions de Arequipa. Mais de toutes facons, les refractaires out dü depuis longtemps s'installer dans la clandestinité et dans la résistance. Il en est résulté évidemment une série de modifications, d'altérations pro– fondes dans le dogme et dans le rite des ancétres. Le preces nous perrnet de saisir quelques aspects de cette évolution. On observe d'abord la disparition des rites collectifs, des grandes cérémonies de masse, celle des cultes officiels el spectaculaires attachés aux divinités majeures de I'Empire (Soleil, Pachaca– mac ... ). Les réunions ne peuvent avoir lieu désormais que par petits groupes, souvent méme ne rapprochent que deux individus, le prétre-sorcier et son client; dans des endroits éloignés, déserts, tout particuliérement dans Yancien village de Salamanca, c'est a dire dans les ruines du vieil établissement préhispanique, 8 "Chichas: aldea, Departamento de Arequipa provincia de Condesuyos, distrito de Salamanca. Habitantes 668. Salamanca pueblo, capital de este distrito. Habitantes 1022. (Paz Soldán, M.F. Diccionario geográfico estadístico del Perú, Lima 1877 - P. 296 et 857. Fénix: Revista de la Biblioteca Nacional del Perú. N.16, 1966

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